Un petit bruit bizarre

Quand le décalage horaire vous laisse les yeux grands ouverts à 2 heures du matin, vous réalisez que le grondement permanent de cette ville tentaculaire qu’est Delhi s’est apaisé. Il reste de loin en loin un klaxon, les chiens qui aboient, les générateurs qui pétaradent et les voisins qui parlent comme en plein jour :bref moins de chahut.

Et puis, il y a un petit bruit, comme si quelqu’un rythmait avec sa canne une interminable marche sur la route.

Y a-t-il un homme perdu ou quelque chose derrière ce tap tap régulier qui troue la solitude de la nuit? J’imagine une rage, un désespoir, une prière. D’abord angoissant, puis familier, je le guette chaque soir, je l’attends.

Et tandis que monte jusqu’à ma fenêtre l’odeur acre des déchets qui brûlent au coin des rues, il m’accompagne enfin dans mon sommeil retrouvé.